Nana Bena Kapinga : « Demandez-vous ce que vous avez déjà fait pour le Kasaï ! »

Elle habite au Canada, mais elle aime travailler au Kasaï, sa région d’origine. Nana Bena Kapinga est l’initiatrice de la structure Kuetu Kudi Bionso. Elle fait la promotion de l’entrepreneuriat des jeunes. Lors de son récent séjour à Mbujimayi, elle a répondu aux questions d’Investir au Kasaï.

Jean Hubert Bondo : Bonjour Nana. Parlez-nous un peu de vous et de vos projets dans l’espace grand Kasaï

Nana Bena Kapinga : Merci de m’offrir cette occasion sur votre média. Je m’appelle Nana Bena Kapinga. Je suis l’initiatrice de la structure Kuetu Kudi Bionso Mbuji-Mayi. Ma résidence se trouve au Canada, mais mon village d’origine c’est Bena Mukena, en territoire de Lupatapata au Kasaï-Oriental.

Concrètement, c’est quoi Kuetu Kudi Bionso et pourquoi vous avez créé cette structure ?

A la base, Kuetu Kudi Bionso est une plate-forme travaillant sur un annuaire d’événements, de services, et de produits en vente dans la ville de Mbuji-Mayi. Nous avons créé cette plate-forme dans l’intention et l’espoir de promouvoir l’entrepreneuriat et le savoir-faire de notre population, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la ville.

Vous vivez au Canada. Pourquoi le Kasaï vous intéresse-t-il au point d’y mettre en œuvre vos projets ?

Le Kasaï m’intéresse parce que c’est chez moi. Et en matière de projets, il faut bien commencer quelque part. Comme on dit chez nous en tshiluba : « Mvula ulejila kaluma kwabu. » Étant moi-même originaire du Kasaï-Oriental, il était impératif pour moi d’œuvrer d’abord là où j’ai mes racines.

Vous avez créé le concours citoyen innovant. Que recherchez-vous exactement avec ce concours ?

L’objectif de ce concours est d’aider les jeunes à grandir en communauté. Pour moi ce concours permet de valoriser nos talents, préserver notre culture, tout en développant nos ressources.

Comment avez-vous trouvé l’attitude des gens au Kasaï, particulièrement les jeunes, par rapport aux projets et initiatives que vous leur apportez ? 

Ils sont plutôt méfiants. Mais on s’adapte. Néanmoins, l’impact de mes projets est réel, même si cela se fait à petite échelle. Peut-être que les gens attendent de s’assurer qu’il n’y a aucune arnaque derrière ma démarche. Beaucoup me font déjà confiance, et je pense que c’est déjà quelque chose de positif ! 

Quel type de jeunes aimeriez vous voir émerger au Kasaï ? Et à votre avis, qu’est-ce qui doit changer au Kasaï ?

J’aimerais voir émerger des jeunes passionnés, des jeunes prêts à partager et à collaborer avec les autres, afin de grandir en communauté. Je pense également que nos mentalités doivent changer. Comme on dit, c’est « votre attitude (pas votre aptitude) qui déterminera votre altitude ».

Vous êtes une femme qui a réussi dans la vie. Quelle est votre opinion sur la femme kasaïenne ? 

A mon avis, la réussite dépend de tout un chacun. Pour ma part, je ne pense pas avoir déjà atteint mon objectif qui est la réussite totale. C’est pourquoi je continue à travailler dur. À propos de la femme kasaïenne, je sais qu’elle est forte et courageuse. Il lui manque simplement des opportunités pour exprimer ses aptitudes.

Vous vivez à l’étranger, mais vous visitez régulièrement le Kasaï. Qu’est-ce qui vous plaît au Kasaï ?

J’aime beaucoup de choses chez nous au Kasaï. La culture, les potentialités, les repas : tshiteku, tusha, nshima… Et que dire ? J’apprécie beaucoup le climat, et aussi les gens qui travaillent avec moi.

S’il vous était demandé de passer un message en quelques mots à la population du grand Kasaï, que diriez-vous ?

Mon message à mes frères et sœurs kasaïens est le suivant :
« Ne demandez pas ce que votre ‘province’ peut faire pour vous. Demandez plutôt ce que vous pouvez faire pour votre ‘province’. » Cette phrase de John F. Kennedy résume tout !

Jean-Hubert Bondo

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